Interview de Laurent Maeder Manager en développement durable, assesseur agréé Cradle to Cradle products innovation institute.
Monsieur Maeder, pourriez-vous nous parler des différents projets qui vous animent actuellement ?
Mes projets sont multiples. Je suis toujours actif dans le développement de produits textiles avec tous les défis du point de vue environnemental et social que cela représente. Par ailleurs, je reste actif chez EPEA Switzerland qui vise à convaincre des entreprises de changer la conception de leurs produits afin de passer du modèle linéaire Cradle to Grave à un modèle Cradle to Cradle (ndlr – « du berceau au berceau » concept de prévoyance de valorisation d’un produit en fin de vie).
J’aide également une entreprise dans l’élaboration d’une stratégie d’achats responsables ainsi que de la mise en place d’un sytème de management environnemental.
Quelle carrière professionnelle vous a amené à penser d’une manière plus durable ?
Je viens de domaines qui sont très polluant, le textile ainsi que les accessoires, qui font les gros titres à chaque scandale lié à des problèmes sociaux ou de sécurité au travail.
C’est en voyageant pour collaborer avec des usines dans différents pays, que je me suis penché sur les problèmes environnementaux. Curieux de nature, je me suis toujours intéressé à tout ce qui ne se voit pas, comme par exemple les flux. Quelle est la source de l’énergie qui alimente les différentes infrastructures, d’où provient l’eau qui sert aux teintureries et surtout que deviennent toutes ces substances multicolores qui sortent de ces dernières ? De quoi sont fait les pigments ? Quelles sont les ressources à la base des matières premières et que deviennent ensuite les déchets amassés dans les usines ?
D’un point de vue de la sécurité au travail, mon premier métier a été la menuiserie et dès les premiers voyages dans les gros pays producteurs, cela a été un choc de voir la différence du niveau de protection personnelle au travail entre la Suisse et les pays en voie de développement. En fait, c’est en étant confronté à notre modèle économique qui vise à acheter des produits le moins chers possible, les revendre au prix le plus haut et de renouveler cette opération le plus souvent possible, que mes interrogations liées au développement durable sont venues.
Vous avez repris un poste académique, quelle en est la mission ?
Je ne viens pas du monde académique, je me suis mis à étudier sur le tard. En revanche, je suis très pragmatique. L’idée, en donnant des cours, est de partager mes expériences et de connecter la théorie à la réalité, grâce à mon expérience internationale.
Le développement durable est devenu une réalité, à votre avis quels sont les défis à venir pour la Suisse et le reste du monde ?
J’ai du mal à séparer la Suisse et le reste du monde quand il s’agit de défis en terme de développement durable. La Suisse produit relativement peu. En revanche, les Suisses sont de gros consommateurs.
Il est clair que les défis sont différents dans les pays producteurs mais nous avons une responsabilité tant nos impacts indirects sont importants.
On parle beaucoup du climat. Les changements climatiques vont nous mettre rapidement face à nos responsabilités. Cependant, il ne faut pas oublier les autres défis. Lors de mon dernier voyage en Chine, j’ai vraiment pu observer la détérioration de la qualité de l’air et des cours d’eaux. Selon nos critères sanitaires suisses, nous serions en état d’urgence environnemental.
Le stockage, ou le recyclage des déchets toxiques liés au textile sont faible. Des tonnes de boues toxiques sont enterrées quand elles ne sont pas juste répandues dans la nature. Les continents plastiques sont un défi, nous faisant la démonstration de notre mauvaise utilisation des ressources. Du pétrole transformé en plastique, avec parfois une utilisation qui se résume à quelques minutes, pour finir dans les océans et in-fine, dans nos estomacs! C’est un non-sens.
On peut ainsi énumérer les défis et établir des hiérarchies mais en fin de compte, le plus gros défi de demain sera d’être capable de changer de modèle économique en retrouvant le « bon sens commun ».
aquama® est une solution que vous utilisez personnellement ? Quel est votre avis sur nos solutions ?
J’utilise les solutions aquama® au quotidien. Elles sont pratiques, efficaces et saines. En effet, de l’eau, du sel et de l’électricité comme ingrédients, je trouve cela relativement sain ! Les bouteilles sont consignées. Le remplissage se fait sur une machine existante, bref le concept est simple, et respectueux de l’environnement.
Comment pensez-vous qu’aquama® puisse s’améliorer dans le temps afin de répondre au mieux à des défis éconologiques ?
Probablement dans le choix des composants et dans la conception même des machines afin que les matériaux utilisés puissent en fin de vie, soit repartir dans une boucle technique et donc permettre de pouvoir les conserver à un même niveau de qualité, soit se « biodégrader » naturellement.
Mais c’est également dans les applications que je vois des possibilités d’évolution. Imaginez l’intégration de cette technologie dès la conception d’un éco-quartier. Les solutions seraient ainsi directement à disposition des habitants. Cela réduirait l’empreinte carbone avec encore moins de transport tout en diminuant de manière significative le volume de substances à la sortie. Fini les micros polluants !
Eviter de contaminer en amont me parait un meilleur objectif plutôt que de chercher des solutions pour dépolluer en aval.
Interview aquama® – All rights reserved – 2015